Adieu mon ami!

C’est avec tristesse que j’ai appris que tu t’étais envolé vers le grand théâtre céleste. Tout seul, dans ton lit, cette fin de semaine. J’ai tellement de la difficulté à croire que tu es parti. Je regrette plus que tout au monde de ne pas avoir pris le temps de te visiter, bien que tu me l’ais demandé plusieurs fois au courant de l’année 2013. Trop prise par mille et une petites conneries de la vie, trop occupée par un intérim au boulot qui au final n’en vaut même pas la peine. J’ai retrouvé la semaine dernière, par un bizarre hasard, l’entrevue-portrait que j’avais réalisé sur toi et qui je le crois représente bien ce que tu étais et seras toujours dans l’Éternité.

Il y a de ces acteurs qui commencent tout doucement dans le métier. On remarque leur physique particulier, on peut les décrire, mais on ne peut les nommer. Daniel Rousse fait partie de cette catégorie. Sauf qu’il a toutes les cartes en mains pour se faire rapidement un nom.

Grand, massif, avec un regard tour à tour doux ou assassin, ce jeune homme de trente-quatre ans a débuté tard sa carrière. Le théâtre, le cinéma, la télévision, c’était le rêve de sa vie. Rêve qu’il a pu concrétiser en entrant à l’École nationale de théâtre du Canada à l’âge de vingt-huit ans. «Je crois bien qu’ils m’ont choisi à cause de mon expérience de vie», mentionne l’intéressé. Après avoir bossé dix ans dans le milieu marginal des boîtes de nuit en tant que portier, Daniel en a côtoyé de drôles de numéros.

Son physique imposant est-il un handicap? Il admet que cela risque de le cantonner dans le même style de personnages. «Mais c’est aussi un avantage, ajoute-t-il, nous sommes peu d’acteurs avec ce physique». Son gabarit et son extraordinaire habileté de passer de gros méchant loup à doux agneau ont sans aucun doute aidé notre ami à obtenir l’un des rôles les plus attachants du cinéma pour enfants, celui de Lafouette dans L’incomparable Mademoiselle C. Son rôle de Dan dans Gaz Bar Blues lui a été offert par le réalisateur, Louis Bélanger, qui l’avait vu jouer au théâtre un personnage qui l’avait touché et dont l’aspect psychologique se rapprochait de celui de Dan. Quant à la télévision, le détestable papa de l’élève Bertrand dans Virginie reste pour son interprète un incontournable, c’est ce rôle qui le fait reconnaître dans la rue.

Il aimerait toutefois jouer plus souvent au théâtre. Il a même un projet qui se réalisera en janvier prochain: La duchesse de Langeais de Michel Tremblay.

«Tout m’intéresse!», s’exclame-t-il quand on s’enquiert de ses projets. Pour Daniel l’intégrité est une qualité essentielle pour pratiquer le métier. Chaque public pour chaque genre mérite une belle représentation.

Le plus beau compliment qu’on lui ait fait au théâtre est que «ses alexandrins sont si libres qu’on n’en entend pas la mathématique». Sa phrase de prédilection au cinéma et à la télévision? «La scène "a marche"!»

Quand on lui demande quel rêve il aimerait réaliser au cours de sa carrière, il répond: «Mais, je n’ai que des rêves!», avec la fougue commune à tous les débutants. Il a toute une vie d’acteur devant lui avec la vision que lui confère la sagesse d’un homme qui a vécu. Peu de gens peuvent se vanter d’une telle chance.

Tu allais avoir 44 ans le 18 janvier... Je suis triste, je suis mal, j’ai de la peine. Tu étais mon meilleur ami de "gars". Tu étais là quand j’ai eu besoin de quelqu’un près de moi en octobre 1993... Et j’ai l’impression de ne pas avoir été assez là pour toi. Je t’aime "Danile" et tu vas me manquer énormément!

Comments

[Kaléas Fé]

Je suis désolée d'apprendre la peine que tu vies. Ne laisse pas les remords te gâcher les souvenirs agréables que tu as de cette personne; vous avez partagé un lien particulier et il n'est pas rompu par son départ. Je crois plutôt qu'il te faut apprendre à lui parler différemment...

Je t'envoie de bonnes ondes;

Biz!